LaTaupe1L’entêtement borné de quelques puissants a transformé en réalités concrètes, en « nations », ce qui n’était au départ que concepts abstraits, Allemagne, France ou Italie. Le processus est plus absurde encore pour les nations africaines issues de la décolonisation et dont les limites résultent de traits tirés plus ou moins au hasard sur une carte par quelques fonctionnaires de Paris ou de Londres. La pauvreté même des objets ou des rites qui les symbolisent montre à l’évidence combien ces concepts sont creux. Quelques couleurs élémentaires brutalement associées, quelques accords assez simples pour être joués par des musiques militaires, quelques paroles assez dépourvues de sens pour pouvoir être répétées sans jamais concerner l’intelligence, voilà de quoi fabriquer drapeaux et hymnes patriotiques qui justifieront, par leur seule évocation, tous les abandons de la raison.
Petit Abécédaire de culture générale, Albert Jacquard, éd. Points, 2010

C’était fort de se trouver en présence de ce monsieur-là… on était au premier rang à attendre que ça commence. Il est arrivé, tout petit, il semblait et tout vieux, fragile. Il se déplaçait avec lenteur. Il s’est assis il a attendu simplement on aurait dit qu’il était mort ou presque. Et puis ça a commencé, il a pris la parole et il s’est mis à pétiller, ses yeux se sont allumés d’une espèce de malice, ces mains se sont mises à bouger aussi… mais rien d’autre. Il était beau ! Avec une clarté et une simplicité extraordinaire il nous a parlé de la situation catastrophique du monde nous renvoyant à notre responsabilité d’être. Et puis de solutions… si simples. On n’aurait voulu que ça dure encore et encore. On est restée un bon moment collée dans le fauteuil, à la fin, comme scotchée, émue, profitant de la vibration de ses paroles juste émises… autour de nous les gens avaient repris le cours de leur conversation avec une rapidité stupéfiante… On ne sait pas si on a partagé le même voyage…
Et voilà il est parti, il nous manque… beaucoup.

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