Voilà ce qui arrive, c’est comme dans ce conte, celui du petit berger qui criait au loup, tu te rappelles ? Il faisait des farces, appelait à l’aide juste pour déranger les autres, et lorsque le loup est vraiment venu manger ses moutons, personne ne l’a cru et son troupeau a été décimé. Voilà ce qui arrive quand on ment impunément, personne ne te croit plus. Tu pers la confiance de l’autre et c’est terrible ça. Je ne les crois plus, depuis longtemps… la première fois je crois que c’était pour Tchernobyl, peut-être avant je ne sais plus. Depuis les mensonges et les scandales ont fleuri… Et cette fois encore je n’ai pas cru à cette histoire-là, celle que nous vivons là en ce moment. Et j’ai même continué d’embrasser mes ami-es et je l’ai fait en toute confiance. Il y a des lanceurs d’alertes qu’on met en prison parce qu’ils dénoncent des méfaits. Les vrais menteur-es sont en liberté. Je veux faire confiance à la vie et je veux prendre les gens dans mes bras.
Aujourd’hui j’embrasse le vent frais du printemps. On se retrouvera bientôt.
Je pense à Pepe, tu te rappelles ? il a gouverné l’Uruguay quelques années, un mandat de cinq ans (2010-2015), le président le plus pauvre du monde. Un mandat et basta. Quelle leçon il a donnée ! Tous les avantages, le protocole tout ça, il les a refusés, a continué à vivre modestement, chez lui, avec sa femme, ses fleurs et son jardin. Tu peux l’écouter là en suivant ce lien, magnifique monsieur.
Moi ça me fait rêver un président comme ça.

Mais que se passe-t-il à La Maison du Chat bleu ?

Moi je ne rêvais que de ça pouvoir m’arrêter, j’avais commencé ce chemin depuis le stop de décembre, la fin d’une longue ligne droite, et dans cette immense fatigue accumulée, me laisser aller dans la douceur du temps; apprivoiser le silence, respirer être là juste. Me demander: tu veux quoi maintenant? Je crois que je commence à comprendre ce que je veux.
Aussi le jardin d’à côté avance, tout semble vouloir pousser, tout ce que j’ai mis en terre a pris, c’est très émouvant.
Ces derniers jours, d’abord moi toute seule avec mes petites mains (vraiment elles sont toutes petites mes mains) j’y suis allée avec ma tondeuse j’ai fait du crossdébroussailleuse avec elle dans une herbe en pleine force et très haute, la pauvre a été gentille, je ne l’ai pas laissée chauffer j’ai fait un peu attention. Et puis j’ai attrapé la faucille, j’ai revu mon grand-père affûtant sa faucille, et là ça a marché … et cette pensée réflexe : oh ça va pas vite, mais pourquoi je devrais aller vite. Puisque j’ai tout mon temps, il ne faudra pas oublier ça, vraiment ce mur devant lequel nous sommes est là juste parce qu’on ne savait pas s’arrêter; quel cadeau… oui… même si j’ai mal aux mains, ben je suis fière de moi. Et la cerise sur le gâteau est arrivée hier, sous la forme de Yannick le voisin de Sylvie, il est venu hier avec tondeuse et débroussailleuse. Un chouette mec, qui m’a raconté sa vie, content de se parler, de se raconter, et qui est parti en sifflotant, alors moi je suis contente de tout ça ; comme d’avoir rencontré, Corentin, qui fait des tours de moto, et que ça fait du bruit et que ça me fait râler – aïeaïeaïe encore tu râles ! – et je me disais mais qui c’est celui là qui tourne qui tourne, et je l’ai croisé un soir, il allait à fond de train, je lui ai fait signe, il s’est arrêté et nous avons parlé un bon moment, il s’est raconté, et j’ai adoré sa bouille de dix-huit ans, son regard sur les choses, sa tendresse pour sa famille, ses questions sur la vie. et maintenant quand j’entends le bruit de sa moto, je me dis c’est Corentin, et ça change tout, ça change tout. Et je suis sûre que pour lui aussi notre rencontre a changé son regard.

On va se revoir et on se regardera différemment.

 

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