LaTaupe1

On en était maintenant au seizième jour avec ce sentiment d’éternité très fort toujours.
Y avait-il eu quelque chose avant ce jour? Existait-on depuis si longtemps?
Et la pluie existait-elle? On était sûre de rien. Les bébés hirondelles étaient bien partis oui.
Leurs parents s’affairaient pour recommencer refaisaient un nid dans un luminaire. Ce nid serait spacieux pas de doute. On espérait que l’agitation humaine ne les contrarierait pas. Ça y était on avait commencé de sortir dans le hameau pour installer tout ce qui avaient été fabriqués. Toujours émouvant ce moment, cette dernière étape avant Le Festival. Cette ruche ces allers venues ces kilomètres parcourus pour voir ça ou ça. Vérifier valider Veiller veiller veiller. On était tout ébouriffée dedans dehors les yeux fatigués mais pétillants. On était sûre aussi que les clowns feraient un beau spectacle qu’ils allaient prendre leur envol. C’était tout comme on aimait.
Et le dix-huitième jour se leva. C’était l’été et la pluie était revenue par la grande porte. Il avait plu dru et la terre respirait. Les particules de pollution avaient rejoint les cours d’eau. Le tilleul était tout content. Les oiseaux prenaient des bains et nous aussi on se mettait sous la pluie. On pouvait dormir tranquille, la terre tournait il faisait frais.
On continuait l’installation, on inventait on rêvait autour de la mort et on était dans une ambiance toute douce. On entendait ici ou là des rumeurs sur le temps qu’il ferait et on se protégeait les oreilles pour garder foi en nous et nos étoiles. Il ferait le temps qu’il ferait et puis voilà. On ne voulait pas se faire de souci. On entendait dire qu’il y avait des travaux et une route coupée pour venir là… ah la la les déviations comme elles tracassaient les ami(e)s comme elles changeaient les habitudes. Ah les habitudes. Bon vous qui nous lisez sachez que arriver ici c’est possible tout à fait il suffit de regarder une carte et de partir avec un peu de temps d’avance au cas où.
Et de prendre parapluie chapeau imper… tout ça…. on était en été… alors.
Et puis au dix-neuvième jour la levée du corps se fit difficilement le ciel plombé agissait donnait de la lenteur et du poids à la fatigue. Une sortie de douche en catastrophe pour accueillir les frigidaires donna de la vie dans l’instant. On n’allait pas se laisser abattre par le temps. La pluie donnait de la vitalité c’était simple et certain.
On avait tout autour une équipe efficace et joyeuse.
Ce fut la journée la plus pluvieuse depuis des mois, comme une épreuve soudain. Des seaux des trombes d’eau du vent et même presque du froid nous secouaient, nous petits êtres de rien du tout. Du coup l’essentiel le souffle et l’eau. Tenir bon et répondre aux gens juste leur dire que oui oui nous maintenions vaille que vaille, sauf mort subite cataclysme ou autre drame.
vingtième jour du coup forcément. Le ciel semblait plus clément mais on ne savait plus trop si on pouvait faire confiance au temps. Du coup on avait mis un chapeau de paille pour conjurer le sort.
Tout allait bien même si on avait dû travailler plus dur et plus long. Ça commencerait comme prévu avec les clowns ce soir on le savait.
On trouverait on serait là pour ça. Il y aurait une ouverture. Et d’ici là on battrait la rue principale qui prenait vie qui prenait de l’allure et on ferait tout au mieux avec cette joie partagée de voir émerger cette beauté. On faisait ça pour ça pour la beauté des choses, uniquement pour ça. On espérait que vous auriez le courage de venir jusque-là pour voir écouter rencontrer aimer ces instants.

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