« Je n’ai pas oublié cette maison d’école
où je naquis en février dix neuf cent vingt
Les vieux murs à la chaux ni l’odeur du pétrole
dans la classe étouffée par le poids du jardin… »

On m’avait parlé d’une ancienne école et ce sont ces vers de Cadou que j’avais en tête quand j’ai poussé la porte du Chat Bleu. Je venais d’être absolument étonné de lire une citation de « mon » Delteil sur le mur blanc : « Ce que tu rêves, fais-le ! » et la petite cour, les appentis, la classe me sont apparus; il y manquait des mioches en blouses grises courant après un ballon rouge mais à la place de drôles de sculptures, des brochettes de livres et des noms d’auteurs illustres à la pelle, Dante, Cervantès, Molière et Cie… J’ai attendu un bon moment car tout dormait dans cette petite abbaye de Thélème. Au-dessus du mur d’en face, une grosse tête de vache blanche est venu me souhaiter la bienvenue sur un grand silence dans ce petit hameau perdu du côté de Saint-Jean-d’Angely ainsi qu’un bon chien noir qui eut la délicatesse de ne pas aboyer. Voilà comment m’est apparu ce lieu hors temps, hors norme, « hors les murs » comme on dirait à Rome, « off » comme on dit en Avignon.

J’y ai passé deux jours délicieux et paisibles avec Anne, discrète et attentionnée et j’eus bonne et belle joie à donner deux récitals différents chaque soir dans ce petit théâtre pour un public attentif et chaleureux.

Un grand merci à cette équipe humaine, au mystérieux chat bleu que je n’ai pas croisé et dans l’espoir d’y revenir un jour chanter, dire ou lire du Cadou ou du Delteil … « ce que tu rêves, fais-le ! »… n’est ce pas ?

Philippe Forcioli

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